À corps perdu II
La série « À corps perdu II » explore les conséquences invisibles mais profondes des traumatismes à travers une représentation visuelle de la dissociation et de l’amnésie traumatique. Ces phénomènes psychologiques, souvent vécus par des victimes de violences extrêmes comme l’inceste, traduisent une fragmentation intérieure : une sensation d’être coupé.e en morceaux – corps, cœur, esprit – qui peinent à fonctionner ensemble. La dissociation est une réaction psychologique de protection que tout le monde peut expérimenter de manière ponctuelle, par exemple lors d’un moment de stress intense ou de danger. Cependant, pour les victimes d’inceste ou de violences extrêmes, elle devient souvent chronique et plus intense, pouvant durer des jours, des mois, voire des années. Elle inclut différents phénomènes comme la dépersonnalisation, la déréalisation, l’amnésie dissociative, ou encore une coupure émotionnelle, pour échapper à une douleur insupportable.Quant à la mémoire traumatique, elle est un mécanisme par lequel le cerveau, pour assurer la survie, « range » des événements insoutenables dans des zones inaccessibles à la conscience. Ce processus, bien qu’il protège à court terme, laisse des empreintes profondes dans le corps et l’esprit. Ces souvenirs peuvent ressurgir sous forme de flashbacks, d’angoisses, ou rester enfouis, créant une sorte de flou ou d’amnésie autour des événements traumatiques, sans que cela soit pour autant plus facile à vivre. À travers des compositions visuelles jouant sur des formes éclatées et des espaces vides, cette série cherche à mettre en lumière ces mécanismes et à ouvrir un dialogue sur les conséquences psychologiques du trauma. Elle traduit l’effort de recomposer ce qui semble irréconciliable, entre souvenirs fragmentés et tentative de résilience.
The ‘À corps perdu II’ series delves into the invisible yet profound consequences of trauma through a visual representation of dissociation and traumatic amnesia. These psychological phenomena, often experienced by victims of extreme violence such as incest, illustrate an inner fragmentation—a sense of being torn into pieces: body, heart, and mind struggling to function together. Dissociation is a psychological defense mechanism that anyone can experience briefly, for instance, during moments of intense stress or danger. However, for victims of incest or extreme violence, it often becomes chronic and more intense, lasting for days, months, or even years. Dissociation encompasses various phenomena, such as depersonalization, derealization, dissociative amnesia, or an emotional detachment aimed at escaping unbearable pain. As for traumatic memory, it is a mechanism by which the brain, to ensure survival, « stores » unbearable events in areas inaccessible to conscious awareness. While this process offers short-term protection, it leaves deep imprints on the body and mind. These memories may resurface as flashbacks, anxiety, or remain buried, creating a blur or amnesia around traumatic events—without making them any easier to endure. Through visual compositions of fragmented forms and empty spaces, this series seeks to shed light on these mechanisms and foster a dialogue about the psychological aftermath of trauma. It represents the effort to reassemble what seems irreconcilable, navigating between fragmented memories and the pursuit of resilience.